bureaux à l'étranger |
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La France
a émis son premier timbre poste,
le célèbre "Cérès"
à 20 centimes, le 1er janvier 1849 sous la IIème
République, soit 9 ans après la Grande
Bretagne. Une seule famille de graveurs de la Monnaie de Paris, les Barre, a réalisé tous les timbres français de cette époque. Jacques-Jean Barre a gravé les timbres "Cérès". Son fils Albert Désiré Barre a réalisé ceux du Second Empire à l'effigie de Napoléon III ainsi que les timbres "aigle" des "colonies de l'Empire français". La famille Barre a aussi réalisé les premiers timbres grecs "Hermès". A l'instar de l'Autriche, la France avait créé de nombreux "bureaux postaux à l'étranger" notamment en Méditerranée orientale (Levant, Turquie, Grèce) mais aussi dans les Balkans afin de pallier au mauvais fonctionnement des postes locales et ainsi servir les intérêts des commerçants français. |
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lettre de Mens (Isère) à Paris du 31 janvier
1849 Cette lettre est affranchie à 20 centimes avec le premier timbre poste émis en France le 1er janvier 1849 qui représente Cérès, la déesse des moissons symbole de la République. Environ 10% seulement des lettres étaient alors affranchies car, contrairement à l'Angleterre, la réduction de tarif postal en faveur du timbre n'avait pas encore été mise en place. Ce pli est adressé à "Monsieur Frédéric Cuvier Maitre des requêtes Sous Directeur des cultes non catholiques au Ministère de l'instruction publique et des Cultes" qui était le frère du paléontologue et activiste protestant Georges Cuvier auquel il avait succédé à ce poste politico-administratif. Le sud du Dauphiné était et est toujours une région avec une population protestante importante. Les protestants étaient alors, hors Alsace, environ 650 000 soit 1.5% de la population française. A partir de 1872, la jeune IIIème République a cessé de demander l'appartenance religieuse lors des recensements. Le cachet comporte le nombre "37" représentatif de l'Isère et non pas 38 comme aujourd'hui. En effet jusqu'à la création en 1860 des départements Alpes Maritimes, Savoie et Haute Savoie, la numérotation des départements différait de l'actuelle. |
Sous Napoléon
III, une lettre au tarif postal intérieur coûtait 20 centimes, soit
la valeur d'une heure de travail ouvrier (le salaire d'une journée de 10
heures était de 2 Francs). En Angleterre,
le courrier était alors trois
fois moins coûteux. En janvier 2012, le même envoi en France est affranchi à 0.6 Euros, c'est à dire environ 5 minutes de salaire minimum ouvrier (SMIC). Le coût d'une lettre a donc été divisé par 12 en un siècle et demi mais avec des délais paradoxalement beaucoup moins fiables. Une lettre envoyée en "Colissimo" de La Poste avec un délai garanti de 48 heures comparable à celui de 1860 représentait 1 heure de SMIC net 2012 (8.1 Euros), un coût du même ordre que lors de la Révolution Industrielle. Par contre, le tarif de 22.5 Euros pour le même pli par Chronopost équivalait à environ à 3 heures de SMIC 2012 pour un délai garanti de 24 heures. A titre de comparaison, en 1860, en France, le kilogramme de pain valait 30 centimes, soit une heure et demie de travail ouvrier. Aujourd'hui, la baguette de 250 grammes à sensiblement 1 Euro valorise le kilogramme de pain à 30 minutes de SMIC 2012, une baisse d'un facteur 3 ! |
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lettre de Ribécourt à Chaville du 15 mars
1850 |
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lettre du Havre à Buenos Ayres / Buenos Aires
(Argentine) du 10 Janvier 1855 Cette lettre est affranchie avec des timbres poste à 80 et 10 centimes à l'effigie de Napoléon III qui correspondaient au triple port des bâtiments de commerce au départ du Havre. Seules les lettres de poids inférieur à 7.5 grammes bénéficiaient d'un tarif postal réduit à 30 centimes. L'affranchissement de cette lettre équivalait presque à une demi journée de travail ouvrier (cf. ci dessus). Le navire transportant la lettre est mentionné en haut à gauche : "p Gil Blas". |
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lettre de Marseille à Tunis (Tunisie)
du 2 novembre 1866 |
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lettre de Marseille à Tunis (Tunisie)
du 29 septembre 1871 |
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lettre de Toulon sur Mer à Bône / Annaba
(Algérie) du 2 mai 1881 Cette lettre est adressée à "Monsieur Moye Commandant de l'Aviso le Cassard". Ce batiment militaire à vapeur, lancé en 1866, participait alors à "l'Expédition Tunisienne", euphémisme pour conquête coloniale de la Tunisie par la France. Le 2 mai 1881, jour de l'envoi de ce pli, le Cassard, avec 9 autres navires militaires, prenait position devant Bizerte qui se rendait sans combattre. Militairement, la messe était dite et, le 12 mai 1881, le bey de Tunis reconnaissait sa défaite en signant le traité du Bardo qui transformait son état en protectorat français. Les quatre canons de l'aviso Cassard prirent part, en juillet 1881, aux bombardements navals de Sfax et de Gabès qui firent plusieurs milliers de morts et établirent l'ordre colonial français au sud de la Tunisie. Bien que destinée à un militaire français, cette lettre a été acheminée par la poste civile comme l'atteste le cachet de transit par Marseille au verso. Elle a toutefois bénéficié de la franchise comme le montre l'absence de timbre et de mention de taxe. coordonnées de Toulon : 43.1239; 5.92114 coordonnées de Marseille : 43.2954; 5.3637 coordonnées de Bône / Annaba : 36.8978; 7.76067 coordonnées de Bizerte : 37.277; 9.87582 |
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lettre de Bordeaux à Aix les Bains (Savoie)
du 18 mai 1860 Cette lettre combine philatélie et jeu de piste. Emise par "O. GAJAC" propriétaire et négociant en vins de Bordeaux, elle était destinée à un "Limonadier" d'Aix les Bains en Savoie qui était dans son dernier mois d'appartenance au Royaume de Piémont Sardaigne ce qui explique l'affranchissement au tarif postal étranger (50 centimes en 3 timbres). Elle a été dirigée par mégarde sur Aix la Chapelle (Aachen) alors en Prusse où elle est arrivée le 19 mai (cachet rouge "AUS FRANKREICH PER AACHEN"). Cette erreur est aisément explicable : les tarifs postaux pour la Prusse et le Piémont Sardaigne étaient identiques et le plébiscite de rattachement de la Savoie à la France avait eu lieu le 15 avril mais le transfert de souveraineté n'était pas encore effectué. La consciencieuse Poste de Prusse a redirigé cette lettre vers Aix les Bains, alors encore en Savoie où elle est finalement arrivée le 21 mai (cachet au dos de la lettre) via un transit par la France (cachet "PRUSSE VALENCIENNES" du 20 mai). Tout ce périple postal s'est déroulé en seulement 3 jours, qui dit mieux aujourd'hui ? |
La plupart des données concernant
les salaires du XIXème siècle en France
ont été trouvées grâce à l'étonnant site web de l'institut
international d'histoire sociale d'Amsterdam [Internationaal Instituut
voor Sociale Geschiedenis]. La trace de Frédéric Cuvier "sous directeur des cultes non catholiques" ainsi que du protestantisme dans le sud du Dauphiné a été trouvée grâce aux sites : Voir aussi sur histoirepostale.net :
histoirepostale.net suggère : la France en 86 départements, Bourgogne, Grenoble et Dauphiné, département de l'Isère et frontière avec la Savoie, vallée de la Loire, Bordeaux et Aquitaine, Vichy et Auvergne, Paris et bassin parisien. |
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