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Au XIXème siècle, il
y avait deux façons d'échanger du courrier
avec l'empire ottoman (Devlet-i
Aliye-i Osmaniye / Osmanlı İmparatorluğu) : soit grâce à l'office postal
turc aux prestations lentes et peu fiables, soit par un des nombreux bureaux
postaux ouverts par les puissances
étrangères. Les deux réseaux postaux les plus efficaces étaient celui de l'Autriche relayé par la messagerie maritime Lloyd Austriaco et celui de la France. Toutefois Russie, Egypte, Grèce et Italie possédaient aussi leurs implantations postales. De ce fait, le courrier "turc" était en majorité affranchi avec des timbres aux effigies des empereurs Napoléon III et François Joseph. Les premiers timbres émis par la poste ottomane, libellés en paras et piastres, sont parus en 1859. Ils portaient la signature du sultan. En 1865, ils furent remplaçés par une représentation du croissant turc sur des timbres appelés "Duloz" du nom de leur graveur français (plus de détails au chapitre Thessalie). |
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lettre de "Chio - Cesme" à Syros / Síros / Σερς
(Grèce) d'août 1872 Cette lettre a d'abord été prise en charge par la poste autrichienne qui a réalisé un affranchissement avec un timbre "François Joseph" à 10 Soldi. Elle a terminé son acheminement avec la poste grecque qui a apposé les 4 timbres "Hermès" à 5 Lepta. Le bureau autrichien de "Chio - Cesme" serait aujourd'hui à cheval sur deux pays. Çeşme est un port turc de la mer Egée en face duquel eut lieu en 1770 la bataille navale de Chesma prémisse de l'indépendance de la Grèce soutenue par la Russie. "Chio" est l'île grecque de Chios / Khios / Hios / Χίος située à quelques encâblures au large. Sur cette île pousse le pistachier lentisque dont le mastic servit à confectionner les premiers chewing gums très appréciés du sultan. En 1822, lors de l'indépendance de la Grèce, les troupes ottomanes massacrèrent 80% des 120 000 insulaires. Ce nettoyage ethnique fût immortalisé par Delacroix et Byron et affaiblit le crédit de la Turquie en Europe. Chios fût rattachée à la Grèce à l'issue de la guerre balkanique de 1912. |
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lettre de Smyrne / Σμύρνα / Izmir à Syros / Síros
/ Σερς (Grèce) de 1877 Cette lettre, rédigée en grec, est partie du bureau de la Poste de Grèce implanté à Smyrne / Izmir en Asie Mineure où une importante communauté héllène vécut jusqu'à la "grande catastrophe" de 1922. Le 13 septembre 1922, lors de la prise de la ville par les troupes turques, un incendie gigantesque fit 100 000 morts et précipita l'exode des populations grecques et arméniennes. Ce pli est affranchi avec un timbre Hermès à 40 Lepta oeuvre du graveur français Albert Barre. L'oblitération "petits chiffres" porte le numéro "96" correspondant à Smyrne dans la nomenclature de la Poste grecque. Smyrne est la ville natale en 1929 de l'ancien premier ministre français Edouard Balladur dont la famille était d'origine arménienne du Nakhitchevan. Image reproduite avec l'aimable autorisation de newby101. |
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lettre de Constantinople / Istanbul pour cette
même ville Ce pli est affranchi avec deux timbres poste ottomans Duloz de 10 et 20 paras. L'émetteur et le destinataire étant tous deux d'origine grecque, l'adresse est naturellement rédigée en langue et alphabet grecs. Ceci n'a pas surpris le postier ottoman qui en a cependant traduit l'essentiel en langue turque en alphabet arabe en haut à droite. Au dos de la lettre, le cachet "STAMBUL", simultanément en alphabet arabe et latin, atteste l'arrivée. Les timbres Duloz permettent de situer cette lettre entre 1865 et 1876. |
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