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Le timbre poste, initialement
inventé pour permettre aux Postes de faire de la productivité, est devenu
très vite un symbole de souveraineté.
L'histoire
postale de la Bulgarie en est un excellent
exemple. Les timbres de Turquie ont été utilisés en Bulgarie de 1863 jusqu'à l'indépendance de mars 1878. Les premiers timbres bulgares, imprimés par les "libérateurs" russes, ont été émis le 1er mai 1879. Comme la jeune Bulgarie n'avait pas encore sa propre monnaie (le Lev n'a été créé qu'en 1880), ces timbres étaient bizarrement libellés en francs et centimes. Le dialogue avec le postier pour connaître le prix d'une lettre devait être savoureux ! Dans la province de Roumélie orientale qui resta ottomane jusqu'en 1885, les timbres poste de Turquie continuèrent à avoir cours. Les premiers timbres bulgares de cette province apparurent dès le renversement du gouverneur pro-ottoman. Il s'agissait en fait de timbres turcs surchargés d'un tampon. La poste ottomane manquant de fiabilité, l'Autriche, la France et la Russie avaient des bureaux de poste en Bulgarie avant l'indépendance. |
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Lettre recommandée de Sofia à Saint Petersbourg
(Russie) de décembre 1885 Cette lettre entre deux personnes de langue allemande est libellée en caractères latins alors que Bulgarie et Russie utilisent l'alphabet cyrillique. La Russie, pays de destination, est indiquée par la mention en allemand "Rußland" en haut à droite. L'affranchissement est à 70 Stotinki. Le recommandé est attesté par le cachet rectangulaire "R" ainsi que par la mention "Recomandirt" en haut à gauche. Il semble que les termes "Recomandirt" ou "Recommandirt" étaient employés au XIXème siècle par les Postes de langue allemande. Toutefois ces mots ont disparu de l'allemand contemporain au profit de "Einschreiben". Les cachets au verso de l'enveloppe attestent d'une arrivée à Saint Petersbourg le 27 décembre 1885 suivant le calendrier julien utilisé à cette époque en Russie (9 janvier 1886 suivant le calendrier grégorien). Images reproduites avec l'aimable autorisation de Simon Andrews Stamps |
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Lettre de Filbe / Filipopoli / Plovdiv / Philippopolis
/ Пловдив à Constantinople / Istanbul de 1875 |
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Lettre de Roustchouk (Rousse - Ruse) à Bordeaux
(France) du 14 juin 1885 La ville de départ de cette lettre possède une toponymie florissante : Cherven, Rousse, Roustchouk, Routchouk, Ruse ... Il s'agit en fait du principal port bulgare sur le Danube (cf. carte). Au moment de l'indépendance, Roustchouk / Ruse était la ville de Bulgarie la plus grande et la plus dynamique avec un peuplement très cosmopolite : bulgares, turcs, juifs ayant conservé un dialecte d'origine espagnole le Ladino mais aussi arméniens, allemands, français, italiens ... C'est aussi le lieu où Jules Verne a situé l'action de son roman "le pilote du Danube" et la ville natale du polyglotte et apatride Prix Nobel de littérature Elias Canetti. Cette lettre est affranchie avec un timbre poste bulgare à 25 Stotinki. Il est difficile de savoir si la date figurant sur le cachet de départ respectait le calendrier julien ou grégorien. En effet le cachet d'arrivée en France par Avricourt (en Moselle alors à la frontière avec l'Alsace Lorraine allemande) indique 29 juin. Le calendrier julien étant décalé de 13 jours cela supposerait un trajet de 2 jours, une belle performance toutefois pas impossible à l'époque. |
Voir aussi sur histoirepostale.net
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