Kaliningrad |
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L'acheminement du courrier dans un pays
aussi étendu aux conditions climatiques aussi difficiles que la Russie
(Россия) n'était pas une mince affaire. Bien qu'il existe des traces de messagers au Xème siècle, la première lettre connue de Russie date de 1391 d'Azov / Азов pour Venise. Les premiers bureaux de poste officiels ouvrirent leurs portes en 1716 à Moscou / Москва et Saint Petersbourg / Санкт Петербург. Le cachet postal fut mis en service en 1765 bien qu'il n'ait été rendu obligatoire qu'en 1781. Les russes ont été les premiers à utiliser intensivement les entiers postaux, ces enveloppes prépayées similaires aux Cavallini du Royaume de Piémont Sardaigne. Le premier timbre poste de Russie, une vignette à 10 Kopecks, est apparu le 31 décembre 1857. D'abord non dentelé, il fut rapidement doté d'un crénelage. |
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lettre de Taganrock (Taganrog / Таганрог)
à Genova / Gênes (Piémont Sardaigne - Italie) du 15 février 1859 Taganrock était un port actif et cosmopolite à l'extrémité orientale de la mer d'Azov / Азов (cf. carte). Il fut assiégé par les troupes franco-anglaises durant la guerre de Crimée en 1855 et vit la naissance d'Anton Tchekov le 29 janvier 1860. Les réseaux de communications notamment ferrés étaient sous développés dans la Russie du XIXème siècle. Aussi ce pli a mis 15 jours pour rejoindre Vienne / Wien en Autriche par laquelle il a transité avant de rejoindre l'Italie. Le calcul de la taxe postale a du être des plus complexes. Les mentions manuscrites à droite indiquent le paiement par l'expediteur de "20" Kopecks "fco DaL" (franco frontière autrichienne). Puis furent appliquées une taxe autrichienne de "30" Kreuzer (en bleu) et enfin une taxe sarde de "10" Centesimi (en noir) pour la dernière portion du trajet. Le tampon rouge "DAL" ("Droit Autrichien à Liquider") indique que la poste d'Autriche pouvait récupérer le montant de la taxe selon la convention postale austro-sarde. |
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La réforme
de "décentralisation" de 1864 mise en place par le tsar Alexandre II
qui rendit les districts de Russie
(zemstvo / земство) autonomes administrativement et économiquement eut des
conséquences postales inattendues. En effet, la plupart des "zemstvo" créèrent des postes locales autonomes (Земских Почт) afin d'assurer le transport du courrier au delà des bureaux principaux desservis par la Poste Impériale. |
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quelques timbres émis par les postes locales autonomes "zemstvo" Sur la plupart de ces timbres apparait l'expression "ЗЕМСКАЯ ПОЧТА" ("poste de district / zemstvo") avec toutefois beaucoup de variantes dans la dénomination (voir timbre de droite). Les postes "zemstvo" à cause de leur rayon d'action très local avaient souvent des pratiques postales approximatives qui font désormais la joie du philatéliste. Ainsi l'oblitération du timbre de gauche est réalisée par une simple croix manuscrite. |
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Certains "zemstvo" assurèrent un service postal local
gratuit. Toutefois la plupart de ces postes décentralisées ressentirent
rapidement le besoin d'émettre des timbres.
La première à franchir le pas fut
en 1865 celle de Schlisselbourg / Шлиссельбург sur la Neva / Нева au sortir
du Lac Ladoga / Ладожское Озеро. Il y eut, à leur apogée, 345 postes "zemstvo"
dont une centaine émit environ un millier de timbres
différents, donnant ainsi naissance à une philatélie
foisonnante. Le nombre des postes des "zemstvo" diminua rapidement au XXème siècle jusqu'à leur suppression complète après la Révolution soviétique d'octobre 1917. Petite précision linguistique : le mot zemstvo (земство) provient d'un mot de russe ancien signifiant terre. Son pluriel correct est zemstva (земства) même si dans de nombreux textes français ou anglais le pluriel impropre zemstvos apparait fréquemment. Le mot zemstvo étant, de loin, le plus employé par les philatélistes, histoirepostale.net a donc choisi de faire subir aux zemstva russes un sort opposé à celui de l'italien confetto ! |
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lettre de Saint Petersbourg / Санкт
Петербург à Ladoix (Côte d'Or - France) d'avril 1864 Ce pli aurait pu recevoir une palme au festival du cachet postal. Parti par mer de Saint Petersbourg, il a transité par "KÖNIGSBERG" (alors en Prusse orientale désormais Kaliningrad / Калининград) où le tampon "Aus Russland" a été apposé. De là, il a rejoint "BROMBERG" (devenu Bydgoszcz en Pologne) par le train. Son transit en Prusse s'est terminé à Aachen / Aix la Chapelle (cachet "P.33"). Il est entré en France par le bureau frontière de "ERQUELINES" le 29 avril d'où il a rejoint "Paris" puis Beaune le 30 par le chemin de fer de "PARIS A LYON". Le destinataire a du s'acquitter à l'arrivée d'une taxe de 11 décimes (mention manuscrite "11"). Ce courrier, expédié par "CM. SCHICKEDANTZ & Co", a été adressé à "Monsieur Capitain Gagnerot" à "Ladoix près Beaune" haut lieu vinicole de la Côte de Bourgogne. La maison Capitain Gagnerot a été fondée en 1864 par l'union matrimoniale et viticole de deux héritiers. Leurs descendants assurent encore actuellement la direction de cette entreprise. histoirepostale.net rappelle que la consommation de vin de Bourgogne doit s'effectuer, certes avec délectation, mais surtout avec modération. |
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lettre de Saint Petersbourg / Санкт
Петербург à Bordeaux (France) du 24 avril 1825 Cette lettre a transité par mer depuis Saint Petersbourg (on devine les deux dernieres lettres "RG" en alphabet latin sur le cachet circulaire en bas à droite) jusqu'au port de Memel, désormais Klaïpéda en Lituanie où elle est arrivée le 11 mai. Elle a rejoint sa destination Bordeaux le 26 mai (date manuscrite à l'intérieur de la lettre) en port payé comme l'indique le cachet rouge "PP". Une telle durée de trajet était habituelle avant le développement du chemin de fer. Une trentaine d'années plus tard, cette avancée technique permettait à une lettre sur un trajet comparable d'aller quatre fois plus vite. L'autre cachet rouge avec un "V" et un "A" entrelacés est un symbole du jacobinisme triomphant y compris dans la Gironde car il signifie "Vérifié par l'Administration". |
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lettre de Saint Petersbourg / Санкт
Петербург à Quimper (Finistère - France) du 7 mars 1871 Cette lettre, affranchie à 28 kopecks avec des timbres russes, est partie de Saint Petersbourg le 7 mars suivant le calendrier julien. Elle est arrivée chez "Mademoiselle Blanche de Syran" à "Quimper" après un transit via la "PRUSSE" et "ERQUELINES" le 26 mars soit après seulement 6 jours de trajet compte tenu du décalage entre calendrier juliens et grégoriens. |
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Pour en savoir plus sur les postes locales autonomes "zemstvo" / "zemstvos" de Russie, histoirepostale.net suggère la visite du site web de philatélie très documenté de Rainer Fuchs. L'internaute philatéliste viniphile peut aller fureter sur le site web de la maison Capitain Gagnerot à Ladoix. Pour découvrir sur Jules (César) et Grégoire (XIII) et sur les évolutions de calendrier et de date qu'ils ont généré, histoirepostale.net recommande : Voir aussi sur histoirepostale.net les pays ayant employé des timbres poste de Russie au XIXème siècle : histoirepostale.net suggère : |
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