Galicie & Bucovine |
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La partie orientale de l'Ukraine (Ukraina / Україна) et la Crimée
faisaient intégralement partie de l'empire
tsariste de Russie. Fort logiquement la poste russe y transportait le courrier. Elle mit en service le 31 décembre 1857 ses premiers timbres libellés en Kopecks. La courte indépendance agitée de 1917 à 1921 ne permit pas de mettre en place de véritable service postal durable en Ukraine. Aussi ce n'est qu'en 1992 après l'implosion de l'URSS que sont apparus une poste et des timbres ukrainiens. |
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lettre de Marioupol / Маріуполь / Мариуполь à Marseille / Marsiglia (France) du 28 octobre 1842 Oblitérée à Marioupol le 28 octobre 1842 selon le calendrier julien en vigueur dans l'empire tasriste, cette lettre a été expédiée le 10 novembre 1842 selon le calendrier julien utilisé en Europe occidentale. Cette missive entre 2 relations d'affaire est écrite en italien par Giovanni Nimbelli, négociant établi sur les bors de la mer d'Azov et est destinée au "sieur Lure" commerçant marseillais. Le seul élément en alphabet cyrillique de cette lettre est le cachet en russe "Мариуполь" apposé au verso. Ce courrier a mis presque 2 mois pour rejoindre la cité phocéenne où il est arrivé le 5 janvier 1843 après avoir transité par les vapeurs de la mer d'Azov et l'Office postal autrichien. L'expediteur paya 3.8 roubles (indiquéau verso) pour le trajet Marioupol - Galatz / Gallatz / Galati (sur le Danube dans l'actuelle Moldavie). Le destinataire français acquitta une taxe de 19 decimes, dont 10 (marque rouge au recto) reversés à l'Office postal autrichien. Marioupol / Маріуполь / Мариуполь / Marianapol / Μαριούπολη a été transformée en ville martyre par la guerre d'invasion menée par la Russie contre l'Ukraine à partir de février 2022. Ce port de la mer d'Azov a été fondé en 1779 par des grecs amenés de force de Crimée par les troupes du tsar, suite aux guerres entre les empires russes et ottomans pour le contrôle de cette péninsule. À l'époque de la lettre, Marioupol compte de l'ordre de 4 000 habitants. Le commerce agricole s'y devéloppe rapidement, de vin d'abord, puis de blé. De nombreux négociants venus de toute l'Europe ainsi que des consulats s'y installent dans la seconde moitié du XIXème siècle. Au début du XXème siècle, Marioupol, avec l'aide de capitaux belges, devient aussi un centre sidérurgique. La guerre civile qui a suivi la révolution bolchévique est terrible dans la région. De 1917 à 1920, la ville connait 8 autorités successives dont celle des troupes françaises en 1919. Après la famine déclenchée par Staline, la seconde guerre mondiale a été dévastatrice : 10 000 habitants fusillés par les nazis, plus de 80 000 déportés en camps de travail dont environ 30 000 décédés en captivité. La paix revenue, pour faire bonne mesure, Staline nomme la ville Jdanov / Жда́нов du nom d'un de ses plus fidèles collaborateur massacreur. Vladimir Poutine, lors de sa guerre d'agression de 2022, soucieux de continuité historique, a décidé d'écraser sous les bombes cette ville déjà plusieurs fois martyre. Le recensement russe de 1897 indique que Marioupol est alors au 2/3 russophone et 10% ukrainophone. La campagne alentour parle alors très majoritairement un dialecte grec le Rumeika. La langue de communication de cette région est alors la langue Urum qui est un dialecte turc. En 2022, les groupes russophones et ukrainophones représentent chacun 45% de la population. Malgré les vicissitudes de l'histoire, 5% des habitants de la région parlent toujours le grec Rumeika. |
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lettre de Odessa / Одеса / Одесса
à Marseille (France) du 27 mars 1859 Oblitérée le 27 mars 1859 (cachet losange à droite avec caractères latins), ce pli est arrivé à Marseille le 21 mars de la même année ! Ce paradoxe apparent est du au décalage de 13 jours entre le calendrier julien alors encore en vigueur dans l'empire russe et le calendrier grégorien employé dans l'essentiel de l'Europe. De ce fait, le trajet par voie de terre de cette lettre a duré 7 jours. Elle a été prise en charge par la poste de Prusse de Breslau (désormais Wroclaw en Pologne - cachet "AUS RUSSLAND" ) à Aachen / Aix la Chapelle (cachet de sortie "P.35."). L'entrée en France a eu lieu à Valenciennes (cachet circulaire en bas de la lettre). L'expéditeur et le destinataire "Fratelli Rocca" / "Rocca Frères" faisaient partie des nombreux commerçants italiens installés à Odessa (cf. carte) qui fut un port franc de 1819 à 1879. Le trafic maritime y était intense. Ainsi le dictionnaire géographique Bescherelle indique que durant l'année 1853, 2 225 navires ont transité par Odessa (un navire toutes les 4 heures). Parmi eux on comptait 407 autrichiens (essentiellement de Trieste), 353 sardes, 275 anglais, 140 suédois, 135 napolitains, 110 français et seulement 101 russes ! |
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lettre de Odessa / Одеса / Одесса
à Marseille (France) du 29 mai 1865 |
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lettre de Berditchev / Berdichev
/ Berdyczów / Бердичів / Бердичев à Paris (France) du 5 avril 1861 Partie le 5 avril suivant le calendrier julien c'est à dire le 17 avril suivant le calendrier grégorien, cette lettre est parvenue le 26 avril aux banquiers "de Rothschild frères à Paris". Les cachets "P.D." et "FRANCO" indiquent que le port a été payé par l'expéditeur "J.S. MANSOHN". Ce pli a transité par Eisenberg en Prusse (cachet rectangulaire) désormais Zelazna Gora en Pologne et par Valenciennes en France (cachet circulaire). Berditchev était une ville à proximité de Jitomir / Zhytomyr d'environ 50 000 habitants dont 80% de juifs ce qui en faisait la seconde communauté israélite de l'empire russe. Malheureusement cette bourgade connut ensuite un destin tragique. Les premiers pogroms en 1919 furent conduits par l'armée ukrainienne "indépendante". Puis, en 1941, les nazis organisèrent ghetto et camp d'extermination. L'enchevêtrement linguistique était important dans cette région de l'Ukraine. Ainsi le cachet commercial de l'expéditeur mentionne Berditchev par son nom polonais en caractères latins "BERDYCZOW" alors que le cachet postal utilise l'appellation russe en alphabet cyrillique "Бердичев". |
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