Décès durant la crise dite du "grand hyver".
Les hivers 1709-1710 sont très rudes : crise frumentaire, famine et mortalité considérable (800 000 victimes). A noter que les morts de l’année 1709 sont imputés au froid polaire et à la famine et que ceux de l’année 1710 le sont plutôt aux épidémies (notamment fièvre typhoïde).
Poursuite de la chute brutale des baptêmes avant une reprise soutenue à partir de 1711. Au total, pour les deux années, on enregistre en France 2 141 000 décès contre 1 330 800 naissances, soit une perte de 810 000 personnes, 3,5 % de la population. Selon F. Lebrun, la crise de 1709-1710 « a eu des conséquences démographiques beaucoup moins dramatiques que celle de 1693-1694 », car « les grains n’ont pas totalement manqué », les récoltes d’orge ont procuré une nourriture de remplacement, et enfin les mesures de secours des autorités se sont révélées efficaces (distribution de céréales provenant de régions peu touchées ou de l’étranger, distribution gratuite de pain…).
Il n’en reste pas moins que le « grand hyver » restera longtemps inscrit dans la mémoire collective. Partout, les maisons d’assistance spécialisées (bureaux des pauvres, orphelinats municipaux, hospices pour aveugles ou pour vieillards, hôtels-Dieu et hôpitaux généraux) sont pleines.
Le froid terrible (jusqu’à moins 20 degrés Celsius) qui sévit sur la France, depuis la nuit du 6 janvier jusqu’à la mi-mars 1709, gèle la plus grande partie des grains (blés semés à l’automne) et des arbres fruitiers (oliviers, noyers…). Lees fleuves, y compris le Rhône, ont gelé ainsi que le vin à la table du roi à Versailles.
Il en résulte une hausse des prix brutale et catastrophique (montants multipliés par 5) et une dramatique crise frumentaire suivie d’épidémies foudroyantes. En avril 1709, une ordonnance oblige les détenteurs de grains à déclarer leurs réserves. Les grains qui circulent entre les provinces du royaume ou qui proviennent de l’étranger sont désormais exemptés de droits d’entrée, d’octroi et de péages. Pour faire face à la situation, les riches sont taxés et les municipalités sont contraintes d’organiser des distributions de vivres aux nécessiteux. Ces mesures n’empêchent pas les méfaits des accapareurs de grains et des spéculateurs. Le vignoble nantais et l’oliveraie languedocienne sont totalement détruits par le gel (d’où l’implantation du muscadet dans la région de Nantes).
Emeutes urbaines notamment à Paris, dans les villes de la Loire moyenne, en Normandie, en Provence, en Languedoc.
[source http://www.histoire-genealogie.com/spip.php?article1630]